Critique

Publié le 30 mars, 2025 | par @avscci

0

Le Garçon de Zabou Breitman et Florent Vassault

À partir de photographies anonymes, Breitman et Vassault ont conçu deux films, sachant qu’ils les réuniraient ensuite. La première fabriqua un scénario à partir des inconnus des clichés, imaginant une famille, des prénoms, des lieux, des situations et le tourna avec des comédiens. Vassault, documentariste expérimenté, se lança dans une recherche ardue : identifier les lieux, puis, peu à peu, les personnages. Tous deux s’intéressaient particulièrement à un « garçon » au regard mélancolique, photographié de la naissance à l’approche de la cinquantaine. Il s’agissait de tourner la fiction et l’enquête-documentaire en échangeant au minimum. Il fallait que Breitman ignorât les avancées possibles de Vassault. Il lui fournissait pourtant le script de quelques interviews, paroles réellement prononcées devenant des paroles de fiction dans la bouche des comédiens, sans que la réalisatrice sache dans quelles circonstances elles avaient été prononcées. Le dispositif intéresse, émeut, prend finalement une dimension assez extraordinaire. Qui sont les plus émouvants ? Les acteurs reconstituant une famille née dans l’imagination de Breitman ? Les passants interviewés en vain ? Les témoins peu à peu découverts ? C’est la cohabitation par le montage des trois groupes en question qui crée l’émotion, magie bien sûr du cinéma. Et retour sur une cinquantaine d’années de l’histoire française, celle d’êtres « ordinaires » métamorphosés en héros par deux metteurs en scène se lançant un défi incertain pour arriver à une tremblante et remarquable vérité.

René Marx

Film français de Zabou Breitman et Florent Vassault (2024), avec Isabelle Nanty, François Berléand, Damien Sobieraff. 1h37.




Back to Top ↑