Publié le 6 août, 2020 | par @avscci
0Le Défi du champion de Leonardo d’Agostino
L’argument n’est pas d’une folle originalité. Un footballeur de l’A.S. Roma jugé trop turbulent est astreint par le patron de son club à suivre des cours particuliers. L’enseignant qui lui est assigné découvre à son contact un monde peuplé de gosses de riches immatures chez qui le talent n’a rien à voir avec l’intelligence et où l’argent ne fait pas vraiment le bonheur. Le sportif ignare fait de son côté l’apprentissage de la culture et va jusqu’à prendre goût à ce monde de la connaissance qui s’entrouvre à lui. Cette histoire d’amitié hautement improbable mais propice à quelques belles scènes est traitée par Leonardo d’Agostino à la manière d’un conte de fées moderne. Stefano Accorsi y fait merveille dans le rôle du pédagogue en immersion dans un monde à part, face à l’étonnant Andrea Carpenzano découvert il y a deux ans dans Frères de sang des frères d’Innocenzo. Un acteur de composition surprenant qui pourrait s’avérer rapidement indispensable au cinéma italien si pauvre en jeunes premiers charismatiques. Il faut voir le pur esprit propulsé dans la vie de patachon de son élève, avec ses voitures de sport carrossées comme ses bimbos de rêve. L’habileté suprême de ce Feelgood movie assumé est de ne jamais juger ses protagonistes, même si le regard du spectateur est évidemment davantage celui de cet homme ordinaire qui préfère l’être au paraître que celui du demi-dieu coupé du monde réel avec ce que cela implique pour sa future reconversion et son retour à la réalité la plus prosaïque. Il y a dans ce film une recette qui évoque celle d’Intouchables : cette rencontre improbable entre deux mondes qui ne se rencontrent jamais, sinon dans un stade ou derrière un téléviseur, lorsque le supporter admire les exploits de ce champion surmédiatisé.
Jean-Philippe Guerand
Il campione. Film italien de Leonardo d’Agostino (2020), avec Stefano Accorsi, Andrea Carpenzano, Ludovica Martino 1h45.