Critique

Publié le 31 octobre, 2024 | par @avscci

0

L’Art d’être heureux de Stefan Liberski

Derrière son titre accrocheur, L’art d’être heureux accroche à son générique d’authentiques fabricants de bonheur qui sont des francs-tireurs du sourire en coin. Avec deux Belges en têtes de gondole : Benoît Poelvoorde et François Damiens dont le contraste physique s’avère saisissant. Un artiste méconnu décide de s’installer en Normandie afin de s’y resourcer et d’y réaliser enfin le grand œuvre qui lui vaudra gloire et éternité. Sur place, il fraie avec des autochtones qui ébranlent ses convictions par leur bon sens et leur hédonisme. Ce qu’il n’a pas prévu, c’est que dans ce bocage rassurant aux falaises de craie, son sacerdoce artistique est totalement désacralisé. Le réalisateur Stefan Liberski a puisé l’inspiration de son nouveau film dans un roman de Jean-Philippe Delhomme intitulé “La dilution de l’artiste” (Denoël, 2001) qui en définit clairement l’enjeu : fuir le réel de peur qu’il ne devienne un obstacle aux rêves. Un propos d’autant plus pertinent au moment où l’actualité cinématographique déverse son content de biopics trop calibrés. Poelvoorde incarne un anticonformiste qui résiste à l’intégration et en paie le prix, quitte à former des émules et à se projeter en eux. Jolie morale pour une belle histoire qui doit beaucoup à la fantaisie et à l’alchimie de ses interprètes, Camille Cottin occupant une place résolument à part au sein de cette extravagante assemblée d’originaux d’où émergent aussi Lorella Cravotta, transfuge des Deschiens adoptée par les Chiens de Navarre, et Ambre Grouwels à qui Stefan Liberski a déjà valu un Magritte.

Jean-Philippe Guerand

Film belgo-français de Stefan Liberski (2024), avec Benoît Poelvoorde, Camille Cottin, François Damiens, Gustave Kervern. 1h50.




Back to Top ↑