La Vie, en gros de Kristina Dufková

Adapté du roman éponyme de Mikaël Ollivier, best-seller de la littérature jeunesse, La Vie en gros raconte avec beaucoup d’humour et de fantaisie comment la vie de Ben, 12 ans, est brutalement bouleversée lorsqu’un médecin scolaire lui diagnostique un début d’obésité. Louvoyant habilement entre la déconstruction des discours moralisateurs normatifs, la défense d’un équilibre à trouver entre régime et suralimentation, et surtout l’idée qu’être plus gros que la moyenne n’est pas forcément un problème en soi, le premier long métrage d’animation de la réalisatrice tchèque Kristina Dufková est un feel good movie musical magnifiquement servi par une très belle direction artistique. Le choix de l’animation en volume apporte un mélange de tendresse et de douceur à des situations qui n’ont rien de mièvre (entre harcèlement et grossophobie), tandis que les chansons écrites pour le film l’empêchent de sombrer dans le mélodrame gnangnan ou didactique. La légèreté est même le maître mot de ce récit qui va à 100 à l’heure, fourmille de détails visuels décalés ou charmants (des représentations savoureusement typées des personnages aux incroyables gâteaux confectionnés par Ben, en passant par le bestiaire qui défile chez sa mère vétérinaire), et multiplie les répliques qui font mouche. Au passage, Kristina Dufková et son scénariste Petr Jarchovský égratignent un système scolaire humiliant, mettent en gardent contre toutes les formes d’embrigadement, et délivrent un message attendu, mais joliment incarné : l’important est de s’accepter soi-même, et les autres suivront.

Marie-Pauline Mollaret

Film d’animation tchèque de Kristina Dufková (2024). 1h20.