Critique

Publié le 9 juillet, 2024 | par @avscci

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La Récréation de juillet de Pablo Cotten et Joseph Rozé

Rien de tel que de réunir quelques individus dans un même lieu pour mesurer leurs relations et en tirer quelques enseignements psychologiques, sociaux, moraux voire politiques ou philosophiques. La Récréation de juillet évoque les retrouvailles dans une cour d’école désertée pour cause de vacances d’un jeune professeur de musique orphelin de sa sœur jumelle et de ses cinq meilleurs amis. Plane sur cette réunion faussement insouciante l’ombre écrasante de la disparue et bon nombre de malentendus jamais résolus. Pablo Cotten et Joseph Rozé accordent une importance particulière à deux composantes déterminantes : les dialogues et leurs interprètes, en jouant sur une nostalgie où l’amertume et la désillusion finissent par dominer. On retrouvera dès le mois prochain l’ordonnateur principal de cette réunion, Andranic Manet, dans le rôle-titre du nouveau film des frères Larrieu, Le Roman de Jim. Il s’impose par le contraste saisissant qu’il cultive entre sa stature imposante et une gaucherie associée à un malaise perceptible qui le prédisposent aux emplois les plus complexes. Au point qu’il réussit à attirer la pitié et la compassion sans jamais forcer son jeu. Le film prend en outre ses distances avec son ordre de route. À savoir des retrouvailles qui tournent à l’aigre. Le mérite en revient pour une bonne part à la direction d’acteurs qui s’ingénie à faire sortir la plupart des interprètes de leur zone de confort. Les réalisateurs refusent toutefois de juger ces protagonistes pour nous livrer un portrait de groupe en proie aux atteintes du temps, qui apparaît rien moins qu’universel.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Pablo Cotten et Joseph Rozé (2024), avec Andranic Manet, Alassane Diong, Alba Gaia Bellugi, Noée Abita. 1h20.




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