La Nuit des morts-vivants de George Romero

C’est certainement la reprise de la semaine… Réalisé il y a plus de cinquante ans le film n’a pas pris une ride. Cette histoire de zombies est un paradoxe (mort) vivant. D’une part c’est certainement le maître-étalon du genre, une sorte de classique indémodable du bis. De l’autre c’est un tout petit film en matière de production, fait avec des bouts de ficelles par un groupe de copains qui rêvaient de faire du cinéma et qui d’ailleurs n’avaient pas de préférence particulière pour le cinéma d’horreur. Mais cette économie de moyens bénéficie d’une certaine manière au film, dont les images donnent parfois le sentiment d’avoir été faites dans l’urgence, sous l’emprise de la peur, par les protagonistes-mêmes du film (à une époque où évidemment personne se servait d’un portable). Filmé en noir et blanc, de nuit, le film vaut bien sûr d’abord par sa capacité à nous donner la chair de poule. Même si l’on ne croit pas vraiment au départ au fait que les morts peuvent ressortir de leurs tombes. Nous sommes naturellement de tout cœur avec ceux qui, assiégés par des hordes de zombies, se battent avec l’énergie du désespoir pour rester en vie. Et même si Romero ne cherche pas la surenchère gore, il y a néanmoins quelques images qui font sursauter.

Mais ce qui donne au film tout son sel, c’est la période à laquelle il a été réalisé. En 1968, les Etats-Unis étaient en pleine guerre du Vietnam et les manifestations pacifistes donnaient parfois le sentiment que le pays était durablement déchiré en deux. C’est aussi de cela que le film de Romero rend compte. D’autant que celui qui prend la tête des résistants est noir, en un temps où l’harmonie ne régnait pas vraiment dans le pays en matière raciale.

Romero restera marqué par ce coup d’essai tout au long de sa carrière, demeurant l’un des grands du cinéma fantastique, se spécialisant en particulier dans des histoires de zombies. Il remettra quatre fois l’ouvrage sur le métier…

Yves Alion

Night of the Living Dead. Film américain de George Romero (1968), avec Duane Jones, Judith O’Dea, Marilyn Eastman. 1h36.