La Guerre des Lulus de Yann Samuell

Chassés par l’offensive allemande de l’été 1914, des gamins fuient leur orphelinat de Picardie afin de tailler leur chemin en direction de la Suisse où ils espèrent trouver la paix. Un périple qui conduira Lucas, Lucien, Luigi et Ludwig à traverser les horreurs de la guerre, à faire des rencontres mémorables, notamment celle de Luce, la cinquième mousquetaire, mais la seule fille des “Lulus”, et à nouer des amitiés sans lendemain. C’est dans les trois premiers volumes du cycle de bande dessinée de Régis Hautière et Hardoc que Yann Samuell a puisé l’inspiration de son septième film pour le cinéma. On y retrouve le goût du spectacle qui a contribué à sa réputation à travers Jeux d’enfants (2003), L’Age de raison (2010) ou sa version de La Guerre des boutons (2011). Bien que son sujet l’assigne a priori à un public familial, La Guerre des Lulus se donne les moyens de ses ambitions avec la complicité d’un joli bataillon de guest stars parmi lesquelles Isabelle Carré, Didier Bourdon, François Damiens, Alex Lutz et Ahmed Sylla dans des apparitions souvent mémorables. Yann Samuell réussit par ailleurs à évoquer les horreurs de la guerre dans le cadre d’un spectacle à l’usage du jeune public. Un tour de force qui passe par le tempérament visionnaire du metteur en scène et l’attention particulière qu’il accorde à ses jeunes interprètes. C’est précisément parce qu’il maîtrise les moindres aspects de la mise en scène, en se gardant de jouer l’épate, que Yann Samuel transcende son sujet pour en tirer une fable universelle dont seul le succès populaire décidera d’une suite éventuelle.