La Gardav de Thomas Lemoine et Dimitri Lemoine

Comme beaucoup de films, La Gardav nous prévient d’entrée de jeu qu’il relate des faits authentiques. Un acteur en quête de notoriété décroche un rôle dans le clip qu’un rappeur désorganisé tourne sans autorisation dans une cité où trois flics sont supposés faire face à une bande de voyous. Jusqu’au moment où de véritables policiers débarquent pour mettre les menottes à ces suspects idéaux et les embarquent. Circonstance aggravante, ils ont découvert une quantité considérable de sachets d’une poudre blanche suspecte dans le coffre de la voiture empruntée par l’un de ces pieds nickelés à son épouse. Ce premier film réalisé par deux frères tranche avec la production française habituelle par son refus des gags calibrés et des mots d’auteur complaisants. Ses interprètes sont des nouveaux venus, mais le moindre de ces personnages possède une véritable épaisseur sociale et humaine. Avec çà et là des visages plus connus dans des rôles parfois épisodiques, à l’instar de Pierre Lottin en fonctionnaire de police désabusé et de Lionnel Astier en divisionnaire blasé. Le film repose sur ce décalage tragi-comique qui met en parallèle un quotidien désespérant de banalité avec des personnages usés par la routine qui rêveraient de sensations plus palpitantes. Reste que les frères Lemoine ont le sens de la dérision et règlent comme du papier à musique ce malentendu exponentiel. Pour paraphraser une comédie qui défraie la chronique, cette tranche de vie modeste possède assurément un p’tit truc en plus qui donne une furieuse envie de voir ses auteurs à l’œuvre avec des moyens plus conséquents.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Thomas Lemoine et Dimitri Lemoine (2024), avec Thomas Lemoine, Gaël Tavares, Pierre Lottin. 1h27.