Critique La dérive des continents (au sud) de Lionel Baier

Publié le 30 août, 2022 | par @avscci

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La Dérive des continents (au Sud) de Lionel Baier

Encore très injustement méconnu du grand public, le réalisateur suisse Lionel Baier a de la suite dans les idées, ainsi que l’attestent les titres de ses films les plus connus : Comme des voleurs (à l’Est) (2006), Les Grandes Ondes (à l’Ouest) (2013) et aujourd’hui La Dérive des continents (au Sud). Envoyée en mission en Sicile par l’Union Européenne pour y préparer la visite officielle des dirigeants français et allemand dans un camp de migrants, Nathalie (Isabelle Carré) y renoue avec son activiste de fils, Albert (Théodore Pellerin), engagé auprès d’une ONG. Loin d’être cynique, Baier est un observateur lucide de notre monde qui n’hésite jamais à appuyer là où il a mal. Il pointe ici le fossé abyssal qui s’est creusé entre les institutions et la société réelle, à travers le soin apporté aux apparences sinon à l’apparat par la cosmétique officielle. Sans être vraiment cynique, le film est une charge parfois burlesque contre une Europe qui se lézarde et peine à colmater ses brèches. Il n’est d’ailleurs pas innocent que cette comédie de mœurs corrosive se déroule à la veille du premier confinement. Une petite apocalypse sans frais qui affuble cette histoire d’un vernis déjà suranné. À travers ce choc générationnel, se jouent les enjeux fondamentaux de notre société confrontée au laxisme coupable des institutions. Il est temps que le grand public prête attention à la petite musique de Lionel Baier, chroniqueur avisé d’un monde en déclin, ici carrément au bord du chaos… debout

Jean-Philippe Guerand

Film suisse de Lionel Baier (2022), avec Isabelle Carré, Théodore Pellerin, Ursina Lardi. 1h29.




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