Critique

Publié le 17 juillet, 2024 | par @avscci

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Karmapolice de Julien Paolini

Au pied de la butte Montmartre, le quartier parisien de Château Rouge est une véritable fourmilière qui a souvent servi de cadre à des polars sur fond de melting-pot communautaire. C’est le décor qu’a choisi Julien Paolini pour son deuxième long métrage après Amare amaro (2020). Il y met en scène les états d’âme d’un flic usé par son métier qui cherche un nouveau sens à sa vie rongée par la routine. Grand prix du festival Reims Polar en 2023, Karmapolice perpétue une tradition à peu près aussi vieille que le cinéma sans s’embarrasser de considérations artificielles. Le réalisateur décrit cet univers en usant d’une caméra mobile et d’une équipe légère afin de saisir des moments précieux où il isole ses protagonistes en les cadrant avec de longues focales au milieu d’une foule en mouvement perpétuel. S’il ne s’interdit pas de parsemer son univers de quelques figures pittoresques, il se concentre sur son personnage principal, ce flic barbu coiffé d’un bob que campe Syrus Shahidi, son acteur fétiche, avec une autorité naturelle et un charisme étudié. Le propos de Paolini réside aussi dans ce sentiment d’usure qui l’a rendu peu à peu impuissant à exercer sa mission. Si référence cinématographique il y a, elle se trouve ici dans le New York nocturne des frères Safdie et avant eux d’Abel Ferrara voire de Martin Scorsese, mais aussi dans des polars français tels que L627 de Bertrand Tavernier ou Tchao pantin de Claude Berri où le décor conditionne les personnages au point de les emprisonner jusqu’à les essorer, sans céder pour autant aux sirènes convenues du naturalisme poétique.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Julien Paolini (2023), avec Syrus Shahidi, Alexis Manenti, Karidja Touré, Foëd Amara. 1h20.




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