Critique

Publié le 21 septembre, 2022 | par @avscci

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Juste sous vos yeux de Hong Sang-soo

« Plutôt que d’avoir un script et de trouver des acteurs qui correspondent, je commence par trouver des lieux et acteurs, puis tout part de là », dit Hong Sang-soo. Ses films sont donc des dispositifs, en général très simples. Peu de comédiens, un lieu donné, un budget réduit : le cinéaste est son propre scénariste, son propre cadreur, son propre monteur, son propre mixeur. Mais à partir de ce cadre contraint, sa liberté d’artiste est immense et son travail si rapide et si concentré qu’il lui arrive de réaliser deux ou trois longs-métrages par an. Ici le retour des États-Unis d’une actrice naguère célèbre, ses retrouvailles ambiguës avec sa sœur, sa rencontre avec un cinéaste qui souhaite la faire jouer à nouveau dans un film coréen, l’histoire que raconte Hong Sang-soo, permet comme d’habitude de partir de situations simples pour suggérer des mystères et finalement ouvrir des abîmes. C’est la première fois que Lee Hye-young, comédienne très connue en Corée, apparaît dans un film de Hong. Cela lui permet évidemment de convaincre ses spectateurs coréens de la vraisemblance de la situation. Mais le talent du cinéaste est tel que, ignorants, étrangers que nous sommes, la suggestion est la même pour nous. Comme dans ses autres films, on parle énormément, on mange avec appétit, on boit sans crainte. Comme dans ses autres films, nous sommes suspendus avec un intérêt constant au dialogue, aux regards, aux imprévus de la narration. Simple et profond comme Rohmer, attaché au hasard et à la poésie de l’inattendu comme Kieslowski, mais au fond très différents d’eux et avant tout économe et précis comme lui-même, le cinéaste coréen nous convainc à nouveau de ses qualités de poète.

René Marx

Dangsin-eolgul-apeseo. Film coréen de Hong Sang-soo (2021), avec Lee Hye-young, Kwon Hae-hyo, Cho Yun-hee, Shin Seo-kho. 1h25.




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