Publié le 30 janvier, 2025 | par @avscci
0Julie se tait de Lenonardo Van Djil
Ce premier long-métrage belge, présenté à la semaine de la critique, a l’avantage de la clarté. Son titre est en effet son programme. Julie se tait. Elle se tait après que son entraîneur de tennis se retrouve suspendu à la suite du suicide de l’une de ses anciennes élèves, suicide ayant révélé des comportements bien plus que problématiques de la part du dit coach. Mais elle se tait, et manifeste même au début une sorte de fidélité, de loyauté, par rapport à son mentor, qui n’a désormais plus le droit de l’entraîner. Tout le récit va se jouer sur la révélation progressive de la nature même de ce silence qui la dévore, sur un non-dit qui va finir par exploser et libérer la parole, moment où le film s’arrête, son programme ayant été mené à bien. Et, avant cela, le silence est bien évidemment la pierre centrale de Julie se tait, la clé de voute de son écriture et de sa mise en scène. L’œuvre se joue entièrement dans une sorte de rétention permanente, une ambiance feutrée, parfois étouffante. C’est un long-métrage en creux, très littéralement, qui joue à la fois sur le visage de sa jeune protagoniste mais aussi sur une sorte de hors champ monstrueux, une présence et des faits qui sont comme consignés au bord du cadre, sentis mais pas pleinement appréhendés, qui menaçant sans arrêt de déborder. Le cinéaste, Leonardo Van Djil, livre assez un film dont la grammaire peut parfois rappeler celle d’un film d’horreur étouffant, angoissant, quand le hors champ prend toute la place, la monstruosité prenant ici les traits d’une horreur qu’on essaie de ne pas faire exister en refusant de la voir, jusqu’à ce qu’elle s’impose, dans le long- métrage et dans la parole de l’héroïne.
Pierre-Simon Gutman
Film suédo-belge de Lenonardo Van Djil, avec Tessa Van den Broeck, Ruth Becquart, Koen De Bouw. 1 h 37 m.