Publié le 15 janvier, 2025 | par @avscci
0Je suis toujours là de Walter Salles
Considéré comme le chef de file du cinéma de son pays depuis son troisième opus, Central do Brasil (1998), Walter Salles n’a pas vraiment suivi la voie royale qu’on lui prédisait et n’a finalement tourné qu’une demi-douzaine de films en un quart de siècle. Le nouveau marque son retour après le long silence qui a suivi son adaptation calamiteuse de Sur la route (2012) de Jack Kerouac. Il y renoue avec son engagement politique en évoquant la dictature militaire brésilienne du début des années 70 à travers l’arrestation du député du parti travailliste Rubens Paiva dont l’épouse s’est battue pendant toute sa vie pour connaître la vérité sur sa disparition. Un combat qui a porté cette femme déterminée jusqu’à son dernier souffle. Je suis toujours là applique les codes du film familial à une tragédie qui va contribuer à renforcer son unité en donnant au père le statut d’un commandeur, même une fois absent. Walter Salles adopte le point de vue de son épouse amoureuse qui va consacrer son existence à faire éclater la vérité et à entretenir la flamme de ce disparu oublié de presque tous qui incarne la résistance universelle. Cette mère courage, il en confie le rôle sur vingt-cinq ans à l’éblouissante Fernanda Torres, qui obtint à 19 ans le prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1986, puis le temps d’une scène bouleversante à Fernanda Montenegro, 95 ans, qui fut naguère primée à Berlin pour son rôle dans Central do Brasil. Au-delà de son message politique vibrant, le film de Walter Salles s’impose comme un portrait de femme magistral sur fond de résilience et d’amour fou.
Jean-Philippe Guerand
Ainda Estou Aqui. Film brésilo-français de Walter Salles (2024), avec Fernanda Montenegro, Fernanda Torres, Selton Mello, Maeve Jinkings. 2h15.