Critique

Publié le 31 janvier, 2022 | par @avscci

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Irradiés de Rithy Panh

Mémorialiste du calvaire du peuple cambodgien, notamment à travers le centre Bophana qu’il a fondé en 2006, Rithy Panh s’est fait connaître par des documentaires conçus comme les pièces à conviction d’un exutoire collectif. Il s’attache dans Irradiés aux ravages perpétrés par l’arme nucléaire depuis les bombardements d’Hiroshima et Nagasaki qui ont mis un terme à la Seconde guerre mondiale. Le réalisateur y retrouve son complice écrivain Christophe Bataille avec qui il avait déjà conçu L’Image manquante (2013) et La France est notre pays (2015). Irradiés traite de la barbarie à visage humain, celle qui est née parmi les gaz mortels des tranchées de la Grande guerre et n’a fait que prospérer au cours du XXè siècle. Rithy Panh utilise pour cela des archives impressionnantes qui dessinent un portrait saisissant de la folie humaine et des paysages dévastés qu’elle abandonne dans son sillage après avoir fait disparaître l’arme du crime. Prix du meilleur documentaire à la Berlinale 2020, Irradiés est une expérience cinématographique intense que scandent les mots de Christophe Bataille prononcés par les voix de Rebecca Marder et André Wilms. Rithy Panh y stigmatise la prégnance du mal à travers ce paradoxe qui veut que tout ce que l’homme invente finit par être exploité par d’autres pour se retourner contre ses semblables. Un cercle infernal dont Irradiés représente en quelque sorte la quadrature avec ses audaces esthétiques et son utilisation du double écran. Un voyage au bout de l’enfer qui nous poursuit longtemps après sa projection. Comme un poison lent mais nécessaire.

Jean-Philippe Guerand

Film documentaire franco-cambodgien de Rithy Panh (2020), avec (voix) André Wilms, Rebecca Marder. 1h28.




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