Critique

Publié le 2 juillet, 2024 | par @avscci

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Human Surge 3 de Eduardo Williams

Ne cherchez pas, il n’existe pas de Human Surge 2. Pour son deuxième long métrage, le réalisateur argentin Eduardo Williams – remarqué pour ses courts envoûtants et singuliers – s’inscrit en effet à la fois dans la lignée de son premier Human Surge réalisé en 2016 (avec lequel il a en commun l’idée du voyage et de la jeunesse) et en nette rupture, dans un refus de continuité trop nette avec ce premier volet, comme pour mieux brouiller les attentes du spectateur et même lui permettre de se perdre dans cette nouvelle expérience sensitive filmée avec une caméra à 360 degrés. Se perdre, et se laisser aller à une forme de dérive hypnotique, proche de l’état de transe, voilà la meilleure manière de vivre cette épopée contemplative qui allie une observation sans cesse passionnante des lieux et des paysages à des conversations à bâtons rompus entre des jeunes gens de différentes contrées (parlant autant de langues différentes) qui voyagent à travers les territoires. La plupart du temps, les personnages n’apparaissent à l’écran que par l’intermédiaire de leur voix et d’images dont on peut imaginer qu’elles embrassent leur regard, et nous placent dans une situation de pure observation : un arbre, des reflets dans l’eau, une montagne dans le lointain… mais aussi tout un environnement sonore qui nous enveloppe avec acuité. Ici, rien de performatif – malgré le choix d’une technique qui permet évidemment des images inhabituelles au cinéma, plus complètement immersives et parfois même mouvantes, nous plongeant dans une réalité familière qui en devient presque fantastique – mais une simple invitation : celle à lâcher prise, à l’unisson des personnages, pour laisser vagabonder ses pensées et méditer sur l’idée de voyage, en mouvement ou au contraire immobile, réel ou imaginaire, et à ce qui crée du lien entre les êtres et les territoires.

Marie-Pauline Mollaret

Film documentaire argentin de Eduardo Williams (2023), avec Meera Nadarasa, Sharika Navamani, Livia Silvano, Abel Navarro, Ri Ri Yang, Bo-Kai Hsu. 2h01.




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