How to have sex de Molly Manning Walker

Avec son titre frontal, son image colorée et ses héroïnes à peine sorties de l’enfance, How to have sex nous immerge dans le phénomène bien réel des jeunes Britanniques qui s’offrent des vacances trash (globalement consacrées à l’alcool et aux relations sexuelles) dans des pays peu chers (ici, la Grèce). Mais ce qui intéresse véritablement la cinéaste Molly Manning Walker, remarquée en 2020 avec son court métrage Good thanks, you ?, c’est tout ce qui entoure la pression liée à la première expérience sexuelle ainsi que le flou autour de situations où le consentement n’est pas explicite. Son héroïne, Tara, vit ainsi une première fois qui – de toute évidence – n’a rien d’idyllique. La réalisatrice choisit d’éluder la scène, mais le malaise grandissant de la jeune fille, au cours des heures qui suivent, donne des indices sur sa perception des faits. Elle est hantée par des bribes de souvenirs, qui reviennent sous la forme de flashbacks, alors qu’autour d’elle, personne ne devine ce qui se trame. La mise en scène accompagne la dérive du personnage en l’isolant de plus en plus dans le plan, le visage fragmenté, comme muré dans son silence, tandis que la situation semble vouloir se répéter dans une insoutenable scène de viol, cette fois extrêmement explicite. Malgré une narration ténue et parfois répétitive dans ses séquences de danse et de beuveries, le film capte ainsi quelque chose de la jeunesse, de l’époque, du lien aux autres, et surtout retranscrit dans la forme même de sa mise en scène la violence mentale comme physique de ce que traverse le personnage.