HLM Pussy de Nora El Hourch

Trois adolescentes de banlieue ont toujours tout partagé sans jamais prêter la moindre attention à leurs différences. Alors, quand l’une d’elle est victime d’une agression, elles postent la vidéo sur les réseaux sociaux. Au risque de provoquer un séisme parmi leur communauté, de se voir ostracisées et de soumettre leur amitié à une redoutable épreuve de vérité. HLM Pussy tranche avec les chroniques de périphérie habituelles, en se concentrant sur une catégorie sociale au fond assez mal représentée : la classe moyenne. L’autre spécificité fondamentale du premier long métrage de Nora El Hourch consiste à s’attacher à trois filles qui ont grandi dans un environnement de tradition machiste et tentent d’intégrer les avancées du mouvement #MeToo à la hussarde. Un combat vertueux mais surtout courageux qui se heurte à la force de l’habitude dans un contexte encore rétrograde où les réseaux sociaux accélèrent la prise de conscience des jeunes générations. Propos passionnant servi ici par un refus louable des clichés et l’esquisse de nouveaux rapports amoureux fondés sur le respect mutuel. Nora El Hourch signe là un très bel éloge de la sororité en milieu hostile et souligne son impact sur une communauté trop longtemps cramponnée au totem illusoire de la virilité, à travers deux personnages emblématiques qu’elle filme sans les accabler : un fils d’immigré qui a du mal à assumer sa réussite et un petit caïd de banlieue confronté à ses mauvaises manières et à des codes de communication obsolètes. Ce film est de ceux qui peuvent contribuer à faire bouger les lignes de notre quotidien.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-marocain de Nora El Hourch (2023), avec Leah Aubert, Médina Diarra, Salma Takaline, Mounir Margoum, Bérénice Bejo 1h41. Sortie le 6 mars.