Critique

Publié le 7 janvier, 2025 | par @avscci

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Hiver à Sokcho de Koya Kamura

Lorsque Soo-ha rencontre Yan Kerrand, un dessinateur français venu chercher l’inspiration dans la petite station balnéaire sud-coréenne de Sokcho, désertée pendant la période hivernale, cela réveille en elle la douleur de ses origines métissées, et de ce père – français lui-aussi – qu’elle n’a jamais connu. Auprès du touriste, de sa mère et de tous ceux qu’elle côtoie, la jeune femme cherche des réponses et, surtout, un moyen de trouver enfin sa place. Pour son premier long métrage, le réalisateur Koya Kamura (Homesick) adapte avec sensibilité et retenue le roman d’Élisa Shua Dusapin, qui interroge l’ambivalence des racines dont on hérite, et la difficulté de composer avec une double culture. Il filme son personnage en prise aux doutes dans l’hiver coréen, du marché au poisson à la petite pension de famille où elle travaille, et observe à distance la relation en pointillés qu’elle noue avec Kerrand, qui semble partager la même dérive et la même solitude. Pour ajouter à la part de non-dit qui flotte sur l’intrigue, des séquences magistralement animées par la réalisatrice Agnès Patron (L’heure de l’ours) viennent ponctuer le récit en nous offrant un accès à l’intériorité de l’héroïne. Ces interludes racontent en filigrane, sans besoin de le verbaliser, son chemin initiatique vers l’acceptation de qui elle est, tandis que la mise en scène élégante et feutrée de Koya Kamura, qui travaille les lumières et les cadres dans un esprit pictural assumé, vient renforcer la mélancolie atmosphérique qui baigne les êtres et les lieux.

Marie-Pauline Mollaret

Film franco-sud-coréen de Koya Kamura (2024) avec Bella Kim, Roschdy Zem, Park Mi- hyeon. 1h45.




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