Critique

Publié le 1 août, 2024 | par @avscci

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Highway 65 de Maya Dreifuss

Le polar a ceci de particulier qu’il n’a pas besoin de grand-chose pour tisser sa toile et possède une puissance d’évocation universelle qui repose sur des archétypes déclinables à l’infini. Highway 65 se déroule ainsi le long de l’axe autoroutier principal qui sillonne l’état d’Israël. Comme un écho lointain de ces voies infinies qui ont si souvent servi de cadre aux road movies américains chers au Nouvel Hollywood, avec leurs espaces infinis et leurs motels sur lesquels le temps n’exerce aucune prise. C’est là, au beau milieu d’un grand nulle part couvert de champs de maïs, que se situe la bourgade d’Hafoula. Un point banal sur une carte où a été retrouvé le téléphone mobile d’une ex-reine de beauté dont la disparition ne semble avoir perturbé personne. Hormis une femme flic venue de Tel Aviv pour enquêter sur ce crime sans victime où tous les suspects apparaissent comme des coupables en puissance. Grand prix du festival Reims Polar, Highway 65 convoque le meilleur du cinéma policier dans un contexte délétère et avec une enquêtrice brillante qui concentre pourtant bien des handicaps aux yeux des autochtones : non seulement c’est une femme, mais elle assume sa liberté sexuelle et admet son peu d’appétence pour les tâches ménagères. Un personnage résolument indissociable de son interprète devenue l’actrice fétiche de la réalisatrice Maya Dreifuss, Tali Sharon. À travers cette policière banale au look ingrat, le film souligne à quel point la position des femmes reste encore déplaisante au sein d’une société israélienne profondément machiste. C’est une réussite à saluer.

Jean-Philippe Guerand

Film franco-israélien de Maya Dreifuss (2023), avec Tali Sharon, Idan Amedi, Sara von Schwarze, Dikla 1h48.




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