Critique

Publié le 27 novembre, 2024 | par @avscci

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Heretic de Scott Beck et Bryan Woods

Depuis le triomphe de Sans un bruit, réalisé par John Krazinski mais écrit par eux, le duo Scott Beck et Bryan Woods a émergé à Hollywood tout en cherchant encore sa place. Heretic constitue leur essai le plus probant pour imposer leur identité dans la jungle du cinéma de genre américain. Le récit retourne à leurs racines évidentes, l’horreur, mais pose une situation plus originale. Soient deux jeunes femmes missionnaires en pleine opération religieuse, qui tapent à la porte d’un homme apparemment réceptif à leurs arguments, avant d’être bien évidemment prises au piège. Mais le sadisme du grand méchant se déploie sous des formes imprévues, dans une démonstration théorique, une logorrhée, qui cherche surtout à agresser la foi des jeunes femmes, premières victimes avant de passer plus classiquement à leurs corps. De manière plus prévisible, le film se révèle davantage convaincant lorsqu’il joue sur cette épouvante dialoguée et opaque, que lorsqu’il révèle finalement la réalité du plan du personnage. Cet aspect un peu théorique de l’œuvre, intéressant mais moins malin qu’annoncé, ou qu’espéré, est néanmoins servi par une idée formidable : confier à Hugh Grant le rôle du tortionnaire bavard. Loin d’abandonner les maniérismes de sa longue période romantique, la star les ressort au contraire, mais dans un contexte radicalement autre qui permet de mettre en évidence l’étrangeté, la nervosité, la fausse maladresse un peu manipulatrice, qui s’étaient toujours cachées chez l’acteur. Comme si le sous-texte sombre de ses comédies romantiques était brutalement mis en lumière, réécrivant ainsi des récits et des films peut-être moins innocents que ce dont ils avaient l’air.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Scott Beck et Bryan Woods (2024), avec Hugh Grant, Sophie Thatcher, Chloé East. 1h50.




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