Critique

Publié le 21 août, 2024 | par @avscci

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Girls will be girls de Shuchi Talati

Un souffle novateur semble agiter le cinéma indien. Affleure aujourd’hui une nouvelle génération composée de réalisatrices. Deux d’entre elles figuraient en bonne place parmi la sélection officielle cannoise : Sandhya Suri (Santosh) et Payal Kapadia (All We Imagine as Light). Shuchi Talati, elle, a présenté son premier long métrage au festival de Sundance où il a reçu le prix du public dans la catégorie Cinéma du monde. Girls Will Be Girls s’attache à deux générations, à travers la confrontation d’une adolescente de 16 ans avec sa mère immature qui se voit submergée par ses illusions perdues. Prise de conscience collective perméable à l’influence occidentale et à la montée en puissance des mouvements féministes et de leurs revendications. Girls Will Be Girls s’appuie sur deux comédiennes éblouissantes. La fille, c’est la débutante Preeti Panigrahi, couronnée elle aussi à Sundance pour sa composition si subtile. Sa mère à l’écran, c’est Kani Kusruti, quant à elle également dans le rôle principal d’All We Imagine as Light. On y perçoit que la mère s’est sacrifiée pour élever seule son enfant, quitte à mettre en marge sa vie affective, là où la jeune fille entend conserver la maîtrise de ses relations affectives et sexuelles. Sous les dehors d’une comédie de mœurs incisive affleure une critique sociale tout à fait novatrice. Peut-être assiste-t-on là aux prémices d’une nouvelle vague au féminin dont la pionnière est longtemps demeurée une exception : Mira Nair, révélée par Salaam Bombay ! en… 1988. Ce film subtil résonne dès lors comme un cri de guerre pacifique mais vibrant.

Jean-Philippe Guerand

Film indo-franco-américano-norvégien de Shuchi Talati (2023), avec Preeti Panigrahi, Kani Kusruti, Kesav Binoy Kiron. 1h58.




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