Critique

Publié le 1 avril, 2025 | par @avscci

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Fanon de Jean-Claude Barny

De Frantz Fanon on ne connaît guère aujourd’hui que quelques citations en exergue de livres ou de films consacrés au racisme ou à la décolonisation, voire certains de ses écrits considérés comme prophétiques sinon prémonitoires parmi la mouvance tiers-mondiste dont son œuvre fondatrice, Peau noire, masques blancs, publiée en 1952. C’est aujourd’hui l’existence même de ce médecin d’origine antillaise affecté en Algérie en 1953 comme médecin-chef à l’hôpital psychiatrique de Blida qui fait l’objet d’un biopic. Comme en écho aux multiples incertitudes de notre époque de grande confusion géopolitique. Un destin fauché précocement en 1961 par la leucémie qui l’a emporté à l’âge de 36 ans. Devenu un symbole post mortem, Fanon a donné lieu à plusieurs documentaires depuis une trentaine d’années et est devenu une icône majeure pour de nombreux rappeurs qui se reconnaissent dans son combat. En revanche, Jean-Claude Barny, formé aux côtés de Mathieu Kassovitz et Jacques Audiard, est le premier cinéaste à l’évoquer sur le mode de la fiction en se concentrant sur son travail thérapeutique et son soutien aux clandestins de la lutte armée algérienne. Le résultat évite tous les écueils grâce au parti-pris qui définit le personnage et aussi à l’interprétation saisissante d’Alexandre Bouyer dans le rôle-titre, mais aussi de Déborah François qui campe son épouse et de Stanislas Mehrar dans le rôle d’un sous-officier français en proie à ses démons. Fanon trouve toujours la juste distance entre son sujet à haute tension et une mise en scène qui assume son classicisme sans céder à l’académisme.

Jean-Philippe Guerand

Film canado-luxembourgo-français de Jean-Claude Barny (2024), avec Alexandre Bouyer, Déborah François, Stanislas Mehrar, Mehdi Senoussi. 2h13.




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