Publié le 14 décembre, 2022 | par @avscci
0Ernest et Célestine de Jean-Christophe Roger et Julien Chheng
Dix ans après la première adaptation en long métrage animé des ouvrages de Gabrielle Vincent par Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier – sans oublier Daniel Pennac au scénario – c’est avec un plaisir évident que l’on retrouve sur grand écran la petite souris débrouillarde et le gros ours musicien, pour de nouvelles aventures dans le pays natal d’Ernest. Las, ce Voyage en Charabie ne possède qu’en pointillés les qualités du premier volet, qui réussissait à être à la fois poétique, irrévérencieux et émouvant. Ici, tout semble sans cesse appuyé : la caractérisation des personnages, les situations, les métaphores politiques. On est embarrassé de voir le récit s’engluer dans des problématiques familiales pataudes (ah ces pères despotes qui veulent régenter la vie de leurs enfants) quand le contexte n’est rien de moins que celui d’un système totalitaire qui persécute ses opposants. Que tout soit raconté sur le ton de la farce (la devise du pays est “c’est comme ça et pas autrement”, la loi impose de ne jouer qu’une seule note de musique, les personnages importants sont des fantoches) ne fait d’ailleurs que brouiller le message, consistant principalement à faire rire avec les motifs de l’oppression (le summum étant atteint avec un gag – douteux – lié à Hitler). La question de la résistance reste en effet très secondaire face aux enjeux personnels des héros et le dénouement est en ce sens assez acrobatique. On ne peut s’empêcher de penser au très beau Vent dans les roseaux d’Arnaud Demuynck et Nicolas Liguori, dans lequel un tyran interdisait lui-aussi la musique, provoquant un grand mouvement de révolte de son peuple. Le propos y était incontestablement moins ambigu pour ne pas dire moins paresseux.
Marie-Pauline Mollaret
Film d’animation français de Jean-Christophe Roger et Julien Chheng (2022), avec les voix de Lambert Wilson, Pauline Brunner, Michel Lerousseau, Céline Ronté. 1h19.