Critique

Publié le 26 novembre, 2024 | par @avscci

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En fanfare d’Emmanuel Courcol

En fanfare ne dépayse pas ceux qui ont vu et aimé le film précédent d’Emmanuel Courcol, Un triomphe, qui racontait le parcours d’un professeur de théâtre montant une pièce avec des détenus, en prison. C’est la même confrontation de milieux socio-culturels on ne peut plus différents, la culture étant au final ce qui rapproche… En fanfare narre la rencontre de deux frères (qui jusqu’alors ignoraient qu’ils l’étaient), le premier étant un chef d’orchestre mondialement reconnu, le second musicien dans une fanfare. Qui plus est en milieu ouvrier… Les deux hommes ont des soucis : le premier a besoin d’une greffe osseuse, le second travaille dans une usine qui va être délocalisée. Après quelques hésitations, des réticences compréhensibles, ils vont s’épauler pour tenter de franchir l’obstacle. Le film est bien évidemment gorgé d’émotion, porté par deux comédiens hors pair : Benjamin Laverhne, dont il n’est plus besoin de dire le talent, et Pierre Lottin, découvert dans Un triomphe. Les efforts des ouvriers pour conserver leur outil de travail, la passion avec laquelle ils font vivre leur fanfare évoquent immanquablement Les Virtuoses, fable british et chaleureuse qui n’aurait pas départi dans l’œuvre de Ken Loach. En fanfare est produit par Agat Films, la maison de production de Robert Guédiguian. Comme quoi nous ne quittons pas ce terrain humaniste et social qui constitue (heureusement) une part essentielle du cinéma contemporain. Coincé durant le dernier Festival de Cannes entre une cohorte de films signés par des cinéastes qui se sont regardé filmer, En fanfare fait l’effet d’un courant d’air frais. Pas de second degré, pas d’acrobaties narratives, pas de mise en scène à l’estomac, simplement une ode magnifique à l’humain.

Yves Alion

Film français d’Emmanuel Courcol (2024), avec Benjamin Lavernhe, Pierre Lottin, Sarah Suco. 1h43.




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