Publié le 11 novembre, 2017 | par @avscci
0En attendant les hirondelles de Karim Moussaoui
Né en 1976, Karim Moussaoui avait déjà été remarqué dans de grands festivals internationaux pour ses trois courts métrages et un moyen métrage, Les Jours d’avant. Son premier long métrage entrelace trois histoires de l’Algérie d’aujourd’hui. Un promoteur immobilier sexagénaire voit le monde s’échapper progressivement. Ses fautes morales, ses hésitations, son histoire personnelle trop lourde, rien ne lui permet plus de croire en lui-même. Une jeune fille bientôt mariée traverse par hasard un moment de suspension dans tout ce qui était déterminé à l’avance. Un médecin consciencieux fait tout à coup face à des accusations incompréhensibles. Les trois histoires se recoupent par des liens minuscules, qui parviennent à donner une cohérence parfaite à ce qui pouvait sembler disparate. Moussaoui réussit à parler de l’idéalisme, de la corruption, de l’émancipation, des traumatismes des années 90, de l’amour et de l’ambition en filmant plusieurs générations, Alger et les Aurès, les autoroutes et les boîtes de nuit. Ce serait déjà beaucoup, parce que le cinéaste maîtrise parfaitement ce récit complexe. Mais la beauté des images, le lyrisme d’un regard sur des paysages souvent abîmés par la modernité et sur des comédiens magnifiquement dirigés font de ce premier film une réussite exceptionnelle. Le rythme est lent, la préoccupation morale constante. On n’est pas loin, pour ces beaux débuts dans le cinéma, de deux auteurs qui ont marqué de la même façon leur public, à deux époques différentes : Asghar Farhadi et Krzysztof Kieślowski.
René Marx
Film franco-algérien de Karim Moussaoui (2016), avec Mohamed Djouhri, Sonia Mekkiou, Mehdi Ramdani, Hania Amar, Nadia Kaci, Aure Atika. 1h 53.
Critique en partenariat avec l’ESRA.