Critique

Publié le 2 juillet, 2024 | par @avscci

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El profesor de Maria Alché et Benjamin Naishtat

Marcelo, professeur de philosophie à l’université PUÁN de Buenos Aires, devrait succéder à son maître brutalement décédé. Mais un concurrent, Rafael, parti enseigner en Europe, loin des difficultés quotidiennes de ses compatriotes restés au pays, réapparaît soudainement. Dans la longue crise que traverse l’Argentine, accentuée depuis l’élection du « libéral-extrémiste » Javier Millei à la présidence du pays, El Profesor, écrit pendant la pandémie et réalisé avant cette élection, mêle intimité et politique. À la fois très brillante comédie burlesque et réflexion profonde sur une situation d’urgence sociale et culturelle. Film troublant qui témoigne de la difficulté universelle à résister à l’obscurantisme, aux pouvoirs politiques fondés sur le ressentiment et les pulsions irrationnelles (Marcelo est un spécialiste de Jean-Jacques Rousseau), mais qui interroge aussi les disparités entre plusieurs mondes, les privilégiés, les « confortables », et ceux qui se battent matériellement avec la pénurie et moralement avec leur propre désarroi. Cette portée morale et politique est soutenue par une science très sûre de la mise en scène : les auteurs maîtrisent le slapstick, l’absurde et inventent des personnages jamais figés dans leur identification première. Les sentiments individuels et les relations interpersonnelles sont bousculés autant que les réalités géopolitiques, au cours d’un scénario d’une grande habileté. Mélange des genres, récit constamment surprenant, profondeur morale et politique, que demande-t-on de plus au cinéma ?

René Marx

PUÁN. Film argentin de Maria Alché et Benjamin Naishtat (2023), avec Marcelo Subiotto et Leonardo Sbaraglia. 1h50.




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