Doctor Strange in the Multiverse of Madness de Sam Raimi

La question se posait de manière évidente : Sam Raimi allait-il se dissoudre dans le MCU ? Le retour du réalisateur est en effet un événement et une question à la fois. L’homme ayant créé, avec la trilogie des Spider Man, le monde actuel du grand écran, dominé par les super héros, revient après une longue éclipse. Mais il fait son retour dans un univers devenu, depuis, très largement la plus grosse machine hollywoodienne, dirigée d’une main de fer par Kevin Feige et plongeant chaque film ou série dans un grand bain égalisateur, tout devant se fondre et se mêler dans les MCU. Et, pendant les trente premières minutes du film, le spectateur assiste bien à la normalisation totale du regard du metteur en scène, invisible dans des scènes d’actio en CGI, assez laides. Et puis, alors que l’intrigue avance, Sam Raimi revient. Pas celui des Spider Man ou d’Un plan simple, œuvres presque posées, par rapport à ses délires de jeunesse. C’est plutôt, et contre toute attente, du côté des Evil Dead que lorgne Dr Strange. Les références sont directes : l’inévitable Bruce Campbell rejoue une scène du film, et l’intrigue tourne autour d’un livre diabolique tout puissant. Les comparaisons sont claires, et la mise en scène se met au diapason. L’horreur devient plus graphique, les idées délirantes (le combat de notes), les morts vivants et la body horror surgissent de manière imprévue, et des super héros se font jouissivement dégommer. L’esprit joyeusement créatif et bordélique des œuvres de jeunesse du cinéaste finit par dominer le film, c’est imprévu, et c’est bienvenu.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Sam Raimi (2021), avec Benedict Cumberbach, Elizabeth Olsen, Benedict Wong, Xochiti Gomez. 2h06.