Critique Dans un jardin qu'on dirait éternel de Tatsushi Omori

Publié le 26 août, 2020 | par @avscci

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Dans un jardin qu’on dirait éternel de Tatsushi Omori

Le cinéma est l’art du temps. Pour sa première œuvre distribuée en France, Tatsushi Omori raconte 25 ans de la vie d’une femme moderne, éditrice, à partir de sa découverte fortuite de la tradition millénaire de la cérémonie du thé. L’art du temps long par conséquent mais aussi l’art du temps immédiat, ramassé dans la concentration de l’instant, du geste précis, du juste mouvement pour saisir une cuillère, plier une serviette, manger un gâteau, doser le matcha. Constant apprentissage pour cette étudiante au long cours et ravissement du spectateur pour un film absolument réussi. Défi du décor (exiguïté de la maison de thé, changement des saisons à travers les parois translucides, soulagement d’être enfin dehors après l’exercice studieux). Défi des changements de ton, le comique maladroit des premiers ratages, la lente découverte d’une vraie discipline, la modestie et l’ambition profonde. Kirin Kiki est la maîtresse de cérémonie, l’initiatrice des personnages du récit et l’initiatrice du spectateur lui-même. Celle qui fut l’héroïne des films de Kore-Eda ou de Kawase a tourné là son dernier film avant de mourir en septembre 2018. Elle y est, comme elle a toujours été, drôle et lumineuse. On voudrait découvrir les films précédents de ce réalisateur de cinquante ans, inconnu chez nous, qui raconte avec élégance, humour et gravité un itinéraire d’émerveillement. 

René Marx

Nichinichi Kore Kôjitsu. Film japonais de Tatsushi Omori (2018), avec Haru Kiroki, Kirin Kiki,  Mikako Tabe. 1h42




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