Cry Macho de Clint Eastwood

Ça y est, à 90 ans passés, la vieillesse semble enfin rattraper le grand Clint. Le déclin a mis du temps à venir mais, avec Cry Macho, il est finalement là. Pour ce dernier long métrage, la star/auteur reprend son rôle de vétéran buriné envoyé pour une dernière mission, à savoir ramener un jeune Mexicain vers son père, un rancher cynique. Bien évidemment, le lien qui va se créer entre l’adolescent et le vieillard va déjouer les pronostics, et l’humanisme eastwoodien va frapper à nouveau. Mais cette fois, cela passe difficilement. En premier lieu parce que Clint, qui n’a jamais eu peur depuis les années 1990 de laisser le rôle principal à d’autres, endosse ici un personnage pour lequel son âge est problématique. Certes, le héros est un cow-boy à la retraite, mais la différence est large entre 60 et 90 ans, et la situation crée des scènes absurdes (pourquoi envoyer un nonagénaire pour une mission délicate au Mexique ?) ou gênante (il repousse les avances d’une belle Mexicaine). Le tout est assaisonné d’une vraie paresse narrative qui réduit le récit à presque rien, et se conclut avec un climax volontairement ridicule. En fait, le réalisateur s’en fout probablement, et trouve une forme de beauté ailleurs : une scène de danse, un dîner familial… Cry macho n’a rien à prouver, pas grand-chose à raconter, peu d’enjeux dramatiques, mais le regard apaisé du metteur en scène sur le quotidien, le coucher de soleil, ou la séparation, est encore capable de magie.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Clint Eastwood (2021), avec Clint Eastwood, Dwight Yoakam, Natalia Traven, Edouardo Minnet. 1h44.