Critique – Voleuses de Mélanie Laurent

Changer de registre est toujours une ambition louable. Mélanie Laurent s’essaye cette fois à la comédie d’action au féminin, mais sans succès. Deux amies, voleuses et tueuses à gages pour le compte d’une marraine sans pitié, décident d’engager une recrue afin de réussir une dernière mission. Si le postulat rappelle la série Charlie et ses drôles de dames, l’écriture évoque clairement celle de Shane Black, excellent scénariste de L’Arme Fatale, réputé pour l’efficacité de l’humour de ses dialogues. Nos trois héroïnes s’envoient ainsi des vannes, se font des confidences lors de soirées arrosées ou pendant leurs missions et échangent sur leur goût pour les armes à feu, dans une histoire où la violence se veut comique. Hélas, rien ne fonctionne. Il est impossible de croire en cette amitié, tant le jeu des actrices est artificiel, surjouant la détente et la complicité, forçant la connivence avec le public. Rien ne permet de rires aux gags et répliques, tant ils relèvent d’un humour laborieux et sans rythme. Même déception au niveau des scènes d’action, la réalisatrice ne profitant pas de son gros budget pour libérer sa mise en scène, ne livrant que des fusillades et poursuites bâclées et anonymes. De manière générale, le film donne l’impression antipathique d’un entre-soi et d’un pénible gâchis d’argent. Les décors luxueux, les séquences onéreuses et les images nécessitant une machinerie complexe s’enchaînent sans témoigner d’une quelconque originalité, ne montrant que le clinquant d’un groupe de privilégiés. de son art.

Film français de Mélanie Laurent (2023) avec Mélanie Laurent et Adèle Exarchopoulos, Manon Bresch, Isabelle Adjani et Félix Moati. 1h55.

Tancrède Delvolvé