Publié le 20 juin, 2018 | par @avscci
0Une prière avant l’aube de Jean-Stéphane Sauvaire
Réalisateur du superbe Johnny Mad Dog, une fiction très proche du documentaire sur les enfants-soldats en Afrique, Jean-Stéphane Sauvaire aime visiblement un cinéma qui ne prend pas de gants (à moins que ce ne soient des gants de boxe), où la violence est montrée sans filtre, de préférence à l’autre bout du monde. Une prière avant l’aube se situe quant à lui en Thaïlande, qui raconte l’histoire vraie d’un Anglais en goguette, Billy Moore, boxeur de son état, incarcéré dans une prison de Bangkok pour y purger une longue peine. Submergé par le désespoir, il reprend peu à peu du poil de la bête et se fait respecter en remontant sur le ring. Le film est comme un uppercut qui nous plonge dans un cauchemar éveillé, notre homme étant le seul Blanc au milieu de grappes de truands tatoués et peu amènes (les comédiens, non professionnels, ont assez souvent été recrutés par Sauvaire parmi d’anciens prisonniers). Nous n’avons au départ pas d’empathie particulière pour le personnage que la caméra ne quitte pas un seul instant, mais son calvaire devient peu à peu une geste peu commune. Le film n’est pas confortable, c’est le moins que l’on puisse dire, mais nous sommes loin des facilités un rien démago (et parfois racistes) de Midnight Express, auquel il est difficile de ne pas penser. Le film est par ailleurs une remarquable réflexion sur le corps. Le corps de Billy est meurtri, martyrisé même, avant de reprendre peu à peu forme humaine, et même retrouver une certaine fierté. La façon dont le comédien qui incarne Billy s’est aproprié le personnage et a donné corps à ce corps est impressionnante. D’autant que l’on imagine que le tournage n’a pas été une partie de plaisir permanent…
Yves Alion
A prayer before dawn. Film franco-anglo-cambodgien de Jean-Stéphane Sauvaire (2018), avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Paya Yimmumphai. 1h57.
Critique en partenariat avec l’ESRA.