Ulysse et Mona de Sébastien Betbeder

Ulysse fut autrefois un artiste de premier plan, avant de tout arrêter pour vivre en ermite dans une vaste demeure au milieu des bois. Mona est étudiante en art, et rêve de devenir l’assistante d’Ulysse. Ils se rencontrent à un moment charnière de leur existence : elle a encore tout à vivre, il vient d’apprendre qu’il a un cancer. Ensemble, ils prennent la route pour accomplir la dernière œuvre d’Ulysse.

Sébastien Betbeder, dont on avait tant aimé Deux automnes, trois hivers, est de retour avec un conte doux amer qui fait le grand écart entre la mélancolie absurde et le drame intime. Dans un format 4/3 qui annonce une certaine modestie visuelle, il évoque la maladie, interroge la famille, ausculte la création, cherche l’apaisement et la réconciliation. Filmant des retrouvailles qui sont des adieux, à moins que cela ne soit l’inverse, il fait l’éloge des familles fluctuantes, celles qui se recomposent au gré des rencontres, et console à sa manière, légère et douce, des inévitables regrets liés au passé.

Peut-être Ulysse et Mona aurait-il pu être plus rythmé, plus fou, plus surprenant, mais c’est plus par le prisme de l’émotion que ce drôle de récit en roue libre, à la poésie joyeusement décalée, nous cueille, presque malgré nous. On est littéralement bouleversé par certaines séquences fortes comme celle qui met face à face Eric Cantona et son frère Joël. Impossible de ne pas saluer, d’une manière générale, le travail de tous les comédiens, qui incarnent avec fulgurance nos propres questionnements existentiels.

Marie-Pauline Mollaret

Film français de Sébastien Betbeder (2018) avec Manal Issa, Eric Cantona, Mathis Romani, Quentin Dolmaire… 1 h 22

Critique en partenariat avec l’ESRA.