Publié le 17 avril, 2018 | par @avscci
0The Third Murder de Kore-Eda Hirokazu
Hirokazu Kore-Eda, né à Tokyo en 1962, a réalisé plusieurs films essentiels : Nobody Knows, en 2004, Still Walking, en 2008, I wish en 2011, Tel père, tel fils en 2013, Notre petite sœur en 2015, Après la tempête en 2016. Des films complexes et limpides, ce qui est la marque des grands cinéastes. Avec la mise en perspective des différentes générations, de leurs rapports entre elles, il exerce une vision stéréoscopique en nous faisant comprendre tous les points de vue à la fois et en nous donnant l’impression d’être plus intelligents qu’à notre entrée dans la salle. Tragédies glaçantes ou comédies d’une folle gaieté, invention, fantaisie : il n’oublie jamais les conflits, les frustrations, tout est fondé sur l’énergie de ses personnages et de sa propre mise en scène. Ses distributeurs français avaient abandonné un temps l’idée saugrenue de sortir des films japonais avec des titres anglais. Nous y revoilà pourtant avec The Third Murder. Un assassinat, un suspect qui a avoué, un avocat qui le croit peut-être innocent. C’est la confrontation étrange entre ces deux-là qui retient le plus dans ce nouveau film, dans d’étonnantes scènes de parloir. Mystère des choix de chacun, secrets qui ne seront sans doute jamais dévoilés. Les problématiques familiales, traitées d’habitude magnifiquement par le cinéaste sont ici des rouages de l’énigme criminelle qu’il présente. Pour la première fois, Kore-Eda fait dans le compliqué. Répugnant, à juste titre, aux réponses toutes faites, il s’emmêle ici un peu dans l’intrigue judiciaire et perd un peu de sa grâce habituelle. Mais même pour ce film déséquilibré Kore-Eda reste irremplaçable.
René Marx
Sandome no Satsujin. Film japonais de Kore-Eda Hirokazu (2017), avec Fukuyama Masaharu, Yakusho Kôji, Hiroshima Suzu. 2h05.
Critique en partenariat avec l’ESRA.