Publié le 2 octobre, 2018 | par @avscci
0Nos batailles de Guillaume Senez
A peu de choses près, Nos batailles pourrait être un film prévisible, une version française et working class de Kramer contre Kramer. Soit une jeune mère qui, cédant à une pression personnelle, intime, qui restera mystérieuse, disparaît subitement. Elle laisse le père, figure vaguement absente et débordée par son travail, remplir subitement un vide dévorant, imprévu. Mais à partir de là, tout bifurque : le milieu dépeint, les thèmes, le regard du cinéaste, ses comédiens. Nos batailles quitte rapidement le virage du drame familial pour devenir un récit social comme on en voit peu dans le cinéma belge, ou français. Pas de pathos, pas plus de misérabilisme, juste le récit des luttes quotidiennes d’un homme qui tente d’amener un peu d’ordre, un peu de justice et de protection dans la jungle que représente une usine moderne. Ce sacerdoce finira même par devenir véritablement, dans les dernières séquences, son métier. Ces luttes donnent son titre au film, cette idée sublime de batailles personnelles et professionnelles mêlées. Les petites victoires au milieu d’une grande guerre dont le récit se fait le relai. Concentré autour de ses acteurs, dont le rythme et les impros construisent le film, Nos batailles témoigne également d’un sens de l’espace, et du décor, sûr, ample. Car cet environnement, parfois menaçant, parfois accueillant, est de fait le sujet même. Le monde, la société, et le prix que nous payons tous pour parvenir à vivre en son sein.
Pierre-Simon Gutman
Film belge de Guillaume Senez (2018), avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure Calamy. 1h38.
Critique en partenariat avec l’ESRA.