Critique Les enfants d'Isadora de Damien Manivel

Publié le 30 décembre, 2019 | par @avscci

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Les Enfants d’Isadora de Damien Manivel

Étonnante proposition que celle de ce film résolument atypique. Le réalisateur minimaliste du Parc y évoque la rencontre d’un quatuor de danseuses d’aujourd’hui avec La Mère, un solo composé il y a un siècle par la mythique Isadora Duncan, comme une sorte de geste artistique destiné à conjurer une douleur insupportable. Celle d’une mère dont les deux enfants ont péri au printemps 1913 en se noyant dans la Seine à la suite d’un accident automobile. Tragique ironie du sort pour cette femme qui mourra elle-même quatorze ans plus tard parce que son foulard s’est pris dans une roue de sa voiture. Damien Manivel conjugue en quelque sorte dans Les Enfants d’Isadora ses deux spécialités artistiques : la danse et le cinéma. Son nouveau film est un authentique poème visuel et sonore qui repose sur un postulat extrêmement audacieux, en s’attachant à la pérennité de la danse qui passe de corps en corps pour défier le temps et survivre à ses créateurs. Cette balade mémorielle d’une infinie délicatesse a l’insigne mérite de ne se réclamer d’aucune école identifiée et de se livrer à un exercice délicat, qu’on qualifierait sans doute en peinture d’esquisse. Elle marque aussi de toute évidence un tournant déterminant dans la jeune carrière de Manivel (quel beau nom pour un cinéaste !) dont on est curieux de découvrir la suite. Telle quelle, cette superbe invitation au rêve possède un caractère envoûtant qui doit beaucoup à la puissance assignée au moindre geste et réussit à déborder des limites traditionnellement assignées au cinéma contemporain en renouant avec la pureté des origines.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Damien Manivel (2019), avec Agathe Bonitzer, Manon Carpentier, Marika Rizzi. 1h24.

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