Publié le 23 janvier, 2020 | par @avscci
0La Sincérité de Charles Guérin-Surville
Une bande d’intellectuels se rend dans un gîte en Ardèche afin de développer un projet créatif. Album de chansons ? Film ? Pièce de théâtre ? Livre ? On ne saura jamais. C’est sur ce point de départ on ne peut plus mince que le film déroule son programme, à savoir un empilement de séquences tournées avec un amateurisme consternant où les protagonistes échangent de vagues idées sur tout et rien, se font des déjeuners en plein air, se baignent dans la rivière voisine et nouent des amourettes. Passionnant !
La Sincérité n’est même pas un mauvais film, c’est une aberration. Durant toute la projection, on a le sentiment désagréable de voir le home movie d’un groupe d’amis dont on reste extérieur. Comment le metteur en scène a-t-il pu penser sérieusement qu’un film pareil avait un quelconque intérêt ? On ne sent jamais sa nécessité tant son désinvestissement est manifeste à tous les niveaux : il n’y a aucun scénario, nulle direction d’acteurs, tous les plans sont tournés à la va-vite et le montage est totalement inexistant.
La présence de Charles Pépin, auteur connu pour ses ouvrages de vulgarisation philosophique, nous amène à nous remémorer l’une des réflexions de son revigorant Les Vertus de l’échec après la projection. Il y a des échecs qui montrent une ambition et témoignent d’une personnalité. La Possibilité d’une île est un film épouvantable, certes, mais son auteur a tenté quelque chose, il a eu de l’ambition et son navet témoigne de sa singularité. À l’inverse, il y a des échecs d’autant plus affligeants qu’ils ne sont le fruit d’aucune audace, d’aucune tentative et dont personne ne tire rien. La Sincérité s’inscrit sans aucun doute dans la seconde catégorie.
Tancrède Delvolvé
Film français de Charles Guérin-Surville (2019), avec Charles Guérin-Surville, Charles Pépin, Jeanne Damas. 1h23