Publié le 17 avril, 2018 | par @avscci
0Katie says goodbye de Wayne Roberts
Katie says goodbye fait partie de ces films indépendants faits avec pas grand-chose qui nous donnent pourtant à espérer encore dans un cinéma américain décidemment très « à pop-corn ». Dans la lignée du récent (et formidable) Florida Project, il nous donne à voir une Amérique de l’intérieur, peuplée de paumés qui rêvent d’avoir l’énergie de tenter autre chose. Le cadre du film est son premier atout : au fin fond du Nouveau Mexique, mordue par le désert, l’une de ces petites villes dont le centre est un diner. Ou exerce Katie, une jeune femme en survie permanente. Avec une mère à charge, un propriétaire qui la relance quant aux impayés du loyer et un avenir des plus bouchés, elle n’a pas d’autre option que de vendre ses charmes aux routiers de passage… Mais si sa vie est par moments un chemin de croix, le film ne verse jamais dans le sordide. Au contraire : la soif de vie qui caractérise l’héroïne est même communicative. Aucun personnage n’est d’ailleurs présenté comme particulièrement toxique, c’est simplement le monde qui boite. Le film tient évidemment beaucoup par la prestation d’Olivia Cooke, qui interprète le rôle-titre, et qui nous émeut d’autant plus que cela n’est pas écrit, servi sur un plateau, prédigéré est-on tenté d’ajouter. La caméra est souvent sur l’épaule et les plans serrés (sur Katie) ne manquent pas. Nous sommes donc en permanence avec elle, dans une empathie totale, nous partageons ses doutes mais aussi son énergie. Katie says goodbye est d’autant plus remarquable qu’il s’agit d’un premier film. Le projet de Wayne Roberts, son réalisateur, est de réaliser un triptyque, mettant en scène trois personnages différents, ayant en commun d’être confrontés à de grandes difficultés d’insersion dans une société qui ne fait pas de cadeaux. Si les deux volets à venir sont à la hauteur de ce premier film, gageons que l’on n’a pas fini de parler de ce cinéaste !
Yves Alion
Film américain de Wayne Roberts (2017), avec Olivia Cooke, Christopher Abbott, Mireille Enos. 1h 28.
Critique en partenariat avec l’ESRA.