Publié le 20 juin, 2018 | par @avscci
0Jericó de Catalina Mesa
Ce film colombien pourrait être sous-titré Les Voix de la sagesse. Sa réalisatrice y recueille les confidences de femmes d’âges et de conditions sociales variées qui professent une philosophie existentielle assez euphorisante. Le documentaire y emprunte les tours et détours du cinéma vérité pour nous faire entendre quelques vieilles dames indignes qui se gardent bien de prendre la pose de donneuses de leçons, mais constituent le chœur harmonieux d’une communauté qui a tout compris du sens de la vie, du fin fond de son village du bout du monde. À en juger par le plaisir simple que distille cette chronique pétrie d’humanité, Catalina Mesa possède une qualité d’écoute assez exceptionnelle qui lui permet de tisser des liens intimes avec ses interlocutrices et de dresser le portrait d’un microcosme remarquable. Jericó dépasse allègrement des limites des figures imposées pour atteindre à l’universalité, tant ces destinées lointaines trouvent des échos chez nos parents et nos grands-parents. Avec en sus un optimisme revigorant qui évite l’éternelle rengaine de la vieillesse considérée comme un naufrage et l’écueil de sa déchéance programmée. Sous le double signe du film brésilien de Clarissa Campolina Tourbillon (2011), mais aussi de… La poétique de l’espace de Gaston Bachelard, la réalisatrice signe une véritable quête ethnographique, en marchant sur les traces de ses ancêtres à travers huit portraits de femmes puissantes, pour reprendre le titre d’un Prix Goncourt de Marie Ndiaye.
Jean-Philippe Guerand
Jericó, el infinito vuelo de los días. Film colombien de Catalina Mesa (2016), avec Celina Acevedo, Cecilia Bohórquez, Laura Katherine Foronda. 1h17.
Critique en partenariat avec l’ESRA.