Publié le 26 janvier, 2019 | par @avscci
0Green Book – Sur les routes du Sud de Peter Farrelly
La lutte pour les droits civiques menée par la communauté noire dans les années 50 et 60 a été un long chemin pavé de mauvaises intentions dont personne n’a jamais vraiment vu l’issue. Dans Green Book – Sur les routes du Sud, c’est l’un des frères Farrelly (Mary à tout prix) qui fait cavalier seul et change radicalement de ton afin d’évoquer la tournée à haut risque entreprise en 1962 par un pianiste de couleur sur la terre des nostalgiques de l’esclavagisme et du Ku Klux Klan, sous la protection d’un videur de boîte de nuit plutôt soupe au lait. Magistrale évocation d’un pays en proie à la ségrégation raciale qui campe sur ses positions en toute impunité. Comme dans le récent BlackKklansman de Spike Lee, ce road movie au cœur de l’Amérique profonde atteste combien les acquis de la guerre de Sécession demeurent encore illusoires à un siècle de distance. À l’instar de ces riches ploucs de province persuadés que l’argent achète tout qui pensent pouvoir s’offrir un concert en humiliant impunément un hôte pour lequel ils éprouvent une certaine considération comme musicien, mais le plus profond mépris en tant que sous-homme. Encore ignorent-ils qu’il est homosexuel ! Oscar du meilleur second rôle masculin pour Moonlight, et couronné du Golden Globe dans cette même catégorie pour Green Book… dont il partage pourtant la tête d’affiche à égalité avec Viggo Mortensen, l’impeccable Mahershala Ali livre là une nouvelle composition mémorable sur un registre pourtant ô combien périlleux.
Jean-Philippe Guerand
Green Book. Film américain de Peter Farrelly (2018), avec Viggo Mortensen, Mahershala Ali, Linda Cardellini. 2h10.
Critique en partenariat avec l’ESRA.