Publié le 30 novembre, 2018 | par @avscci
0Diamantino de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt
Premier long métrage d’une paire de cinéastes fort remarqués dans l’univers du court, Diamantino est un coup d’essai inaugural à la folie très organisée. Côté face, un projet absolument délirant où une sorte de benêt, croisement entre Forrest Gump et Cristiano Ronaldo, se retrouve mêlé à une sombre histoire de complot international. Les auteurs nous livrent une version alternative du Zoolander de STILLER, en plus abstrait, moins directement comique et plus surréaliste. Les scènes étonnantes ou le footballeur éponyme imagine de grands chiens le guider vers les filets adverses et contrôler ses buts virtuoses, sont assurément destinées à un futur culte. Côté pile, un film sans doute plus structuré, et en colère, qu’il ne paraît, où les images les plus folles, poétiques ou délirantes traduisent, derrière leur vernis, la marchandisation des sentiments, une description sèche et cruelle d’un capitalisme général et destructeur, une vision du monde bien plus anxiogène et catastrophiste que ce que la légèreté du ton laisse supposer. Diamantino s’intègre ainsi pleinement à ce nouveau cinéma d’auteur, présenté comme branché, parfois superficiel, mais où l’humour, l’inventivité et les références visuelles sont souvent, comme dans la vieille expression, la politesse du désespoir.
Pierre-Simon Gutman
Film portugais de Gabriel Abrantes et Daniel Schmidt (2018), avec Carloto Cotta, Cleo Tavares, Anabela Moreira. 1h32.
Critique en partenariat avec l’ESRA.