Publié le 26 juin, 2019 | par @avscci
0Charlotte a dix-sept ans de Sophie Lorain
Le noir et blanc, les conversations franches et délirantes sur le sexe, l’absence de tabous, l’humour mi potache mi observateur… On n’en finit plus de mesurer l’influence délirante qu’exerce le succès inaugural de Clerks, de Kevin Smith sur la comédie nord-américaine. La réalisatrice déjà confirmée Sophie Lorain y trouve une nouvelle jeunesse. Avec, ici, quelques twists importants : nous sommes au Québec et les personnages parlent donc la langue de Molière, ou plutôt celle de Xavier Dolan. Deux, nous sommes chez des filles, ce qui change de l’aspect très masculin et vaguement obsédé de ce registre comique assez particulier, lié au franc-parler des personnages. Pas de pudibonderie pour autant : l’héroïne du film, après une rupture douloureuse (elle s’est faite larguer, par un petit ami découvrant soudain son homosexualité), décide de rattraper le retard de son adolescence en se lançant dans une suite d’aventures sans lendemain, tout à fait « fun » (pour rester québécois) et déculpabilisées. Jusqu’au jour fatal où les sentiments, évidemment, surgissent à nouveau. Charlotte a 17 ans réussit l’exploit de mêler l’humour vert et gentiment provocateur à une mécanique de comédie teenage plus classique, mais touchante. La réalisation donne le tempo tourbillonnant de son actrice principale enivrée, le tout au service du regard d’une cinéaste qui ose enfin voir une fille enchaîner les conquêtes comme un personnage s’amusant, et non comme une femme facile. Simple, mais pas si fréquent que cela.
Pierre-Simon Gutman
Film canadien de Sophie Lorain (2018), avec Marguerite Bouchard, Romane Denis, Rose Adams. 1h29.