Publié le 19 novembre, 2018 | par @avscci
0Célébration d’Olivier Meyrou
Quatre ans après les films de Jalil Lespert et de Bertrand Bonello, Yves Saint Laurent réapparaît sur les écrans. Plus de fiction cette fois, Olivier Meyrou diffuse enfin les images très émouvantes qu’il a tournées entre 1998 et 2001 dans l’intimité professionnelle du couple Saint Laurent-Bergé. À l’époque, dans la mesure où le couturier était montré malade, affaibli, son compagnon n’avait pas souhaité la diffusion de ces images. Puis, en 2015, avec le temps, deux ans avant de disparaître à son tour, il autorisa la sortie du film. Malgré la fragilité de Saint Laurent, les images reflètent une prodigieuse énergie d’artiste, un souffle court mais puissant, soutenu par une équipe de cadres, de couturières, de mannequins, entièrement adonnée à sa cause, réunie dans une admiration collective, une dévotion qui bouleverse. L’intimité du lieu de travail, de travail intense, est confrontée à certains moments de mondanités, parisiennes ou new-yorkaises, mais où Meyrou continue à saisir l’hypersensibilité, la délicatesse géniale et souveraine d’un homme qui vit ses derniers instants. La présence constante de Pierre Bergé, protectrice, énergique, pleine d’amour et d’autorité, est plusieurs fois marquée par l’humour, comme dans une scène incroyable place de la Concorde. Une nacelle, montée sur une grue, fait l’ascension de l’Obélisque. Bergé, qui vient de financer le pyramidion d’or posé au sommet, explique que le mécénat ne l’intéresse pas vraiment. Ironie géniale de la part de celui qui passa sa vie à soutenir le monde de la culture avec une générosité sans limite. Modestement,L’Avant-Scène Cinéma se souvient avec quelle bienveillance il nous avait laissé publier des documents exceptionnels dans notre numéro de février 2014 sur La Belle et la Bête. Célébration sera sans doute moins vu que les deux fictions qui l’ont précédé. Mais c’est, tout simplement, un film magnifique.