Publié le 3 avril, 2018 | par @avscci
0Abracadabra de Pablo Berger
Pablo Berger, cinéaste espagnol dont on avait tant aimé Blancanieves en 2013, propose dans Abracadabra un audacieux mélange des genres, du film fantastique à la fable satirique en passant par le thriller horrifique et la comédie sentimentale. Son héroïne, incarnée par une Maribel Verdu lumineuse et pleine d’autodérision, est une femme au foyer (mal) mariée avec un macho qui la néglige, voire qui la brutalise. Quand, suite à une séance d’hypnose, il devient l’époux parfait, elle sent que quelque chose cloche et va tout faire pour percer le mystère.
Avec ses couleurs saturées, ses personnages caricaturaux, et son humour parfois approximatif, Abracadabra est un divertissement qui ne recule devant aucune outrance, quitte à flirter souvent avec un mauvais goût assumé. Cela ne fonctionne pas toujours, notamment dans les scènes d’exposition à l’humour forcé et manichéen. Pourtant, lorsque le film va vers quelque chose de plus intérieur (au sens propre comme au sens figuré), il gagne en finesse et en puissance, jusqu’à devenir un récit initiatique complexe et intrigant. On assiste alors, via un cheminement plein de rebondissements empruntés aux codes de la série Z, à l’éveil et la libération d’une femme jusque-là asservie. Les séquences finales donnent ainsi une véritable ampleur à l’intrigue en refusant la voie du compromis ou du happy end facile. Le dénouement (cruel mais cathartique) affirme au contraire la nécessité pour l’héroïne de prendre son destin en mains.
Marie-Pauline Mollaret
Film français de Pablo Berger (2017), avec Maribel Verdu, Antonio de la Torre, José Mota. 1h33.
Critique en partenariat avec l’ESRA.