Critique

Publié le 1 avril, 2025 | par @avscci

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Ce n’est qu’un au revoir de Guillaume Brac

En filmant des adolescents qui vivent leur dernière année de lycée et s’apprêtent à passer le bac, Guillaume Brac prouve que certains “marronniers” ont la faculté de se réinventer. Car si on a l’impression d’avoir souvent vu ce genre de documentaire, Ce n’est qu’un au revoir transcende littéralement la concurrence en captant collectivement quelque chose qui tient à la fois de l’adolescence éternelle, celle qui fait le lien entre chaque génération, et de l’adolescence d’aujourd’hui, tendance 2023-2024, impliquant des sarouels (et dans quelle faculté il est acceptable de les porter), la lutte contre les méga-bassines, et des dreadlocks. Une toute petite fenêtre temporelle qui s’est déjà refermée pour laisser place à d’autres discussions, d’autres engagements, et d’autres voies à suivre.

Ce qui fait aussi le sel du film, au-delà de son acuité contemporaine, c’est la force de personnalité de ses protagonistes, qui parviennent, entre leurs engagements politiques, leurs propres vécus personnels pas forcément si faciles à porter et leurs appréhensions face à l’avenir, à garder une exubérance et une énergie qui les aident à faire face. Lorsque l’on a découvert le film à Cannes, où il était présenté par l’ACID, il était touchant de les voir si bouleversés par la conscience aiguë de vivre la fin d’une époque qui ne reviendrait plus, s’interrogeant sur la possibilité que leurs amitiés et à travers elles, le petit univers qu’ils s’étaient créé, survive au temps qui passe. C’en est aujourd’hui déchirant, tant ce sentiment de perte d’un passé révolu est brutalement devenu également le nôtre.

Marie-Pauline Mollaret

Film documentaire français de Guillaume Brac (2024), 1h06.




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