Critique

Publié le 1 avril, 2025 | par @avscci

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Cassandre d’Hélène Merlin

Cassandre, 14 ans, vit avec sa famille dans un manoir qui reflète une grandeur révolue. À la faveur des grandes vacances, elle fréquente un centre équestre qui l’ouvre au monde extérieur et la pousse à prendre conscience des dysfonctionnements de ce cercle familial qui l’a peu à peu étouffée, notamment à travers certains comportements de son frère aîné auxquels ses parents n’ont jamais cherché à mettre un terme, tant ils semblaient inscrits dans leurs gênes… L’inspiration de son premier long métrage, Hélène Merlin l’a puisée au plus profond de son enfance comme pour exorciser des souvenirs qui continuent à la hanter. Reste que Cassandre traite un sujet que le cinéma n’a abordé jusqu’ici que de façon laconique ou allusive, mais jamais de manière frontale, comme pour reproduire et respecter cette loi du silence qui a couvert pendant des lustres des comportements pour le moins inappropriés. Sous son prénom de pythie condamnée par Apollon à ne jamais être crue, Cassandre est une guerrière qui va réaliser combien son milieu d’origine est toxique et tout mettre en œuvre pour que cette situation cesse de se perpétuer. Hélène Merlin a choisi pour tenir ce rôle une comédienne adulte dont ce rôle est le premier en vedette, Billie Blain, la petite-fille de Gérard Blain, alias le Beau Serge de Claude Chabrol. La réalisatrice joue de sa pureté pour appuyer son propos et l’entoure d’interprètes fort bien choisis, qu’il s’agisse du couple formé par Zabou Breitman et Éric Ruf ou du frère campé par l’étonnant Florian Lesieur. La prouesse d’Hélène Merlin consiste à traiter ce sujet ô combien périlleux en évitant autant le sordide que l’hypocrisie. Puisse le public être sensible à son message.

Jean-Philippe Guerand

Film français d’Hélène Merlin (2024), avec Billie Blain, Zabou Breitman, Éric Ruf, Florian Lesieur. 1h43.




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