Critique

Publié le 6 mars, 2025 | par @avscci

0

Black Dog de Hu Guan

Aux portes du désert de Gobi, un homme de retour dans sa ville natale se fait engager dans la patrouille motorisée chargée de reconduire les meutes de chiens errants qui l’envahissent sans relâche. Jusqu’au jour où il trouve en l’un d’eux, un lévrier noir, un compagnon fidèle et dévoué qui va redonner un semblant de sens à son existence. Black Dog est un film d’une rare élégance formelle dont la folie inattendue passe à la fois par une mise en scène dépouillée qui privilégie l’image et le son par rapport aux dialogues et joue en virtuose d’une utilisation spectaculaire de l’espace façonnée de plans d’ensemble impressionnants et de mouvements de caméra raisonnés. Couronné du prix Un certain regard au Festival de Cannes 2024, cette fresque minimaliste où l’intime s’inscrit dans des espaces infinis a valu à son interprète à quatre pattes la fameuse Palm Dog. Black Dog tranche avec le cinéma chinois qu’on a l’habitude de voir en France : des films d’auteur purs et durs (Jia Zhangke tient d’ailleurs ici le rôle de l’oncle) et des superproductions spectaculaires désormais de taille à rivaliser avec les champions hollywoodiens, à l’instar de la saga à succès Creation of the Gods qui vient d’établir un nouveau record à l’international. Hu Guan ose avec ce film inscrire une intrigue simple et dépouillée dans un cadre spectaculaire qui évoque les décors postapocalyptiques de la saga Mad Max. Avec en prime une reconstitution de l’éclipse de 2008 qui a précédé les Jeux olympiques de Pékin, unissant symboliquement le soleil et la lune dans une fusion symbolique entre le ciel et la terre.

Jean-Philippe Guerand

Gou Zhen. Film chinois de Hu Guan (2024), avec Eddie Peng, Liya Tong, Jia Zhangke. 1h50.




Back to Top ↑