Publié le 5 janvier, 2025 | par @avscci
0Bird d’Andrea Arnold
Après une parenthèse américaine de moindre réussite (American Honey), Andrea Arnold (qui nous avait ravis avec Fish Tank et Red Road) retrouve se terre natale, l’Angleterre, pour brosser le tableau d’une communauté de marginaux, et plus particulièrement d’une ado de douze ans dont nous suivons passionnément le parcours, tant social que psychologique. Mais si l’on parle beaucoup d’argent et de désocialisation (les deux faces d’une même médaille), le film ne saurait en aucun cas s’insinuer dans le sillage du cinéma de Ken Loach. Car le contenu est ici beaucoup plus poétique que directement politique. Le film alterne fulgurances pop et moments de lâcher-prise, capable de s’attarder sur un insecte piégé par une vitre. Ou sur un oiseau, comme le titre l’indique, dont la liberté est naturellement infinie comparée à celle des personnages qui doivent se débattre dans leur humaine condition. Entre les deux, un homme-oiseau, intrigant vagabond venu d’on ne sait où, qui tire nécessairement le film vers le fantastique, ajoutant au passage un peu de fantaisie à la communauté dépeinte, dont les adultes sont absents, mais où l’on enfante de bonne heure. Où l’on rêve de gagner de l’argent en dealant la bave hallucinogène du crapaud (si si) avant de se lancer dans d’interminables (et chaleureux) karaokés. On l’aura compris, le charme du film réside dans son aspect foutraque, qui nous entraîne sur des chemins buissonniers dont on ne voit jamais où ils mènent. Cela peut sans doute énerver certains. Mais les autres ne pourront que louer la cinéaste de leur avoir offert un trip aussi inattendu.
Yves Alion
Film britannique d’Andrea Arnold (2024), avec Barry Keoghan, Franz Rogowski, Nykiya Adams . 1h58.