Critique

Publié le 26 juillet, 2024 | par @avscci

0

Belle enfant de Jim

Le premier film du scénariste et dessinateur de BD Jim relate l’histoire douloureuse d’une jeune femme conviée à une réunion de famille par sa mère dans sa retraite italienne qui embarque dans son sillage un chevalier servant et serviable, pour se donner une contenance. Belle Enfant est une comédie triste sinon mélancolique et désenchantée autour de la sempiternelle formule “ Famille je vous aime, famille je vous hais ”. La constatation aussi que certains liens résistent à tout et que ce qui nous rapproche reste souvent plus fort que ce qui nous sépare. Cette famille dysfonctionnelle, Jim l’a conçue en adoptant un point de vue féminin : celui de la fille mal aimée lasse de jouer le rôle ingrat du vilain petit canard, face à ses deux sœurs aînées plus dociles et à sa mère pétrie d’égoïsme qui trône dans sa tour d’ivoire pour éviter d’avoir à assumer son âge. Jim cisèle une étude de caractères que transcende une distribution particulièrement judicieuse. Avec en guise de figure de proue la fille mal aimée qu’incarne Marine Bohin, par ailleurs journaliste à l’excellent magazine de cinéma So Film. C’est à elle que revient la lourde tâche de faire voler en éclats les apparences pour parvenir enfin à mûrir et à s’émanciper. Avec à ses côtés dans un parfait contre-emploi l’humoriste Baptiste Lecaplain et face à elle la mère extravagante et cannibale campée par Marisa Berenson dans un rôle d’une intensité comme elle n’en pas interprété si souvent. Belle Enfant est un jeu de la vérité à haut risque dont les dégâts seront le prix à payer pour une réconciliation salubre et nécessaire.

Jean-Philippe Guerand

Film français de Jim (2023), avec Marine Bohin, Baptiste Lecaplain, Marisa Berenson, Caroline Bourg. 1h42.




Back to Top ↑