Beetlejuice Beetlejuice de Tim Burton

Hollywood a inventé le cinéma spectacle et industrialisé le principe de la franchise, avec ses séquelles, ses prequels, ses spin-of et autres dérivés. Au point de produire Top Gun Maverick quelque 36 ans après Top Gun. C’est aujourd’hui Tim Burton qui égalise ce record en donnant lui-même une suite à Beetlejuice (1988), le premier film personnel qu’il ait signé. Michael Keaton, Winona Ryder et Catherine O’Hara y reprennent leurs rôles originels, avec le renfort de Justin Theroux, Monica Bellucci, Jenna Ortega (la Mercredi de Burton, échappée de la famille Addams) et les vétérans Willem Dafoe et Danny DeVito. Comme si cette boucle que le réalisateur boucle par plaisir davantage que par devoir constituait pour lui une façon de revenir enfin au grand écran cinq ans après sa version live de Dumbo, film magnifique qui l’a éprouvé, à en croire la saillie qu’il décoche à Disney au détour d’un dialogue, alors même que c’est au sein de ces studios mythiques qu’il a naguère accompli ses premières armes. Beetlejuice Beetlejuice marque en outre le grand retour de Winona Ryder au sortir de deux décennies d’un purgatoire absurde. On mesure combien cette actrice prodigieuse a manqué au cinéma américain. À l’opposé, Tim Burton offre un rôle bref mais inoubliable à une autre beauté, Monica Bellucci, dont la première apparition façon puzzle fera date. Le film est bourré d’idées saugrenues et poétiques qui offrent à ses interprètes l’occasion de compositions mémorables et au réalisateur une liberté de création tout entière tournée vers l’émerveillement. Voilà un plaisir à savourer sans modération.

Jean-Philippe Guerand

Film américain de Tim Burton (2024), avec Michael Keaton, Winona Ryder, Catherine O’Hara, Justin Theroux, Monica Bellucci. 1h44.