Critique

Publié le 15 janvier, 2025 | par @avscci

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Babygirl de Halina Rejn

Après s’être fait remarquée par le malin Bodies Bodies Bodies, la cinéaste néerlandaise Halina Rejn opère une montée en puissance à Hollywood, avec un nouveau long métrage à la distribution prestigieuse et récompensé à Venise. Bodies Bodies Bodies était une variation amusante et subversive sur le whoudnit, Babygirl fait une démarche similaire en réactivant les codes du thriller érotique, genre phare des années 1990, pour y poser un twist qui change le point de vue, et le sens. Le désir de ces films, issus du succès de Liaison fatale, était envisagé sous un angle exclusivement masculin. Rejn en reprend donc les thèmes et certains motifs mais se place résolument dans une perspective féminine, celle d’une cheffe d’entreprise interprétée par Nicole Kidman, qui tombe dans un jeu (évidemment trouble) avec un jeune stagiaire, incarné par Harry Dickinson. La cinéaste évacue toute nation de violence ou de suspense, constitutive des œuvres de ce registre, pour se concentrer sur leur relation, en posant un sujet esthétique finalement peu traité. Elle ne regarde en effet pas le fantasme, vieux sujet de cinéma, mais la réalité du désir et de la libido entre ces deux êtres, réalité qui se heurte parfois littéralement au réel. Rejn ne juge jamais les actes, mais se coltine les détails, le concret, la dimension presque gênante de l’attirance physique, de la libido, des secrets du désir et des actions, parfois très maladroites, accomplies pour les réaliser. Malgré une fin un peu bâclée, cette forme de courage dans le regard suffit à faire d l’œuvre un marqueur fascinant dans une revalorisation différente, moins masculine, de l’érotisme au cinéma.

Pierre-Simon Gutman

Film américain de Halina Rejn avec Nicole Kidman, Harry Dickinson, Antonio Banderas. 114 minutes. Sortie le 15 janvier 2025.




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